Rues, parcs, bois, forêts, bocage ou marais… Les arbres sont omniprésents dans nos paysages et dans nos vies. La métropole nantaise en compte un million, pour 680 000 habitants. Les élus des 24 communes ont décidé de s’engager concrètement pour préserver ce patrimoine arboré et contribuer à développer un territoire plus vert. Réunis vendredi 12 avril 2024 en conseil métropolitain, ils ont adopté une charte dont l’ambition est de « changer notre regard sur les arbres ». « Ils sont encore trop souvent perçus comme des obstacles, alors que ce sont des atouts », explique Jacques Garreau, vice-président chargé de la métropole nature et de la végétalisation.
« Les arbres, nos meilleurs alliés »
« Pendant longtemps, les villes n’ont pas été pensées en prenant en compte la nature, souligne Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole. Il faut lui redonner toute sa place. Les arbres, notamment, sont nos meilleurs alliés dans la lutte contre le changement climatique (ndlr : production d’oxygène, stockage du carbone, absorption de l’eau pour éviter les inondations, réduction de la température, qualité paysagère…). Ils contribuent aussi à notre bien-être et à notre bonne santé mentale, comme le démontrent les études scientifiques. »
Ils jouent un rôle essentiel. Et pourtant, en France, en dehors du code forestier qui ne s’applique qu’aux forêts, il n’existe pas de loi spécifique pour les protéger. « La législation est faible et dispersée en 60 articles et 13 codes différents », déplore Delphine Bonamy, membre du conseil métropolitain.
Une méthode, 24 engagements
Pour avancer malgré cette situation confuse, la charte des arbres de Nantes Métropole propose une méthode et des règles communes, élaborées avec l’ensemble des personnes qui travaillent de près ou de loin autour de l’arbre : architectes, promoteurs immobiliers, paysagistes, entreprises qui interviennent sur les réseaux ou la voirie, jardiniers qui entretiennent le patrimoine arboré, membres d’associations de défense de l’environnement… « C’est à la fois un guide technique pour partager les bonnes manières d’entretenir, de soigner et de planter les arbres, un outil pour faire connaître tous leurs bienfaits et 24 engagements concrets pour les conforter et les prendre en compte dès le début des projets d’aménagement », précise Jacques Garreau.
La règle du 3/30/300
Avec cette charte, la Métropole adopte la règle du « 3/30/300 ». Ces trois chiffres faciles à retenir résument l'ambition : permettre à chaque habitant de voir au moins 3 arbres de chez lui, de profiter sans son quartier de 30 % de canopée (ndlr, la couverture végétale assurée par les feuilles des arbres qui nous fait de l’ombre) et de bénéficier de lieux arborés et ombragés à moins de 300 m de son domicile. « Cette approche scientifique favorable à la santé est déjà mise en œuvre au Québec », souligne Delphine Bonamy.
Inciter plutôt que contraindre
Cette charte n’est pas un texte réglementaire, opposable comme le Plan local d’urbanisme métropolitain. « Nous voulons inciter plutôt que contraindre, assure Jacques Garreau. L’idée n’est pas non plus de faire des arbres des intouchables, mais de les prendre systématiquement en compte dans nos politiques publiques : logement, urbanisme, mobilités... », souligne l’élu. « Plus on prend le sujet en amont, plus on se donne de moyens pour les préserver », résume Johanna Rolland. « Un des enjeux des années à venir est d’aménager en respectant en particulier les vieux arbres, car les sécheresses de plus en plus longues et précoces rendent plus incertaines les plantations et qu’il faut entre 30 et 50 ans pour profiter pleinement de la fraîcheur d’un arbre », ajoute Delphine Bonamy.
Cette démarche concerne en premier lieu les arbres situés sur le domaine public de la Métropole, mais elle vise aussi à embarquer les communes et les propriétaires privés. « 75 % de la canopée de la métropole se trouve sur des espaces privés », rappelle Jacques Garreau. Tous les citoyens et les professionnels sont ainsi invités à signer cette charte (voir plus bas). Elle sera aussi proposée à l’adoption des différents conseils municipaux pour que chacune des 24 communes la décline sur son territoire.
L’arbre a de la valeur, même coupé
Avec elle, la Métropole se dote d’outils concrets. Exemple ? Le barème d’évaluation de la valeur des arbres qui permettra à la collectivité d’exiger une réparation financière en cas de dégâts causés à un arbre. Parmi, les 24 engagements, figurent aussi : la création d’une structure pour réunir les financements à la fois publics et privés afin de réaliser de nouvelles plantations, comme ce qui existe déjà pour la reforestation ; la volonté de conserver 20 % de surfaces boisées en libre évolution pour permettre la re-génération naturelle des boisements ; ou encore le soutien à des filières de valorisation du bois d’œuvre. « Le bois, même coupé, garde ses capacités de stockage du carbone, rappelle Delphine Bonamy. Plutôt que de le brûler, on peut en faire du mobilier urbain, des bancs, des tables, ou encore des jeux pour nos parcs ou nos écoles. »
Consultez et signez la charte de arbres de Nantes Métropole :
Plus de nature aussi dans les cours d’écoles et de crèches
Dans le cadre de son « plan pleine terre », Nantes Métropole aide les communes à végétaliser les cours d’écoles et de crèches. Ces espaces, souvent fortement minéralisés, constituent des îlots de chaleur pouvant avoir un impact négatif sur la santé de ce jeune public. L’apport de terre, de végétation et d’eau offre un environnement plus propice à la découverte, au jeu et la pédagogie, mais aussi à la biodiversité. Une aide financière, sous la forme d’un fonds de concours, est proposé à celles qui souhaitent se lancer. En 2023, 6 écoles et une crèche ont déjà sollicité ce fonds, ce qui a permis de débitumer 7 212 m², dont 3 867 m² ont été végétalisés : à Nantes (école élémentaire Le Baut), à Rezé (école primaire Pauline-Rolland), à Saint-Herblain (école élémentaire de la Sensive), à Saint-Sébastien-sur-Loire (école élémentaire et maternelle de la Profondine), à Thouaré-sur-Loire (école Joachim du Bellay), à Vertou (école des Treilles), et à Saint-Aignan-Grand-Lieu (maison de l’enfance Pom’ de Rainette).