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Le Summer Camp, rap et sororité à Trempo

ActualitésPublié le 09 juillet 2024

Du 1er au 5 juillet 2024, 12 artistes venant de toute la France se sont réunies à Trempo pour un stage de création rap. Singularité de ce Summer Camp : seules les femmes et personnes issues de minorités de genre peuvent candidater. Une « mixité choisie » qui porte ses fruits.

Le Summer Camp est l’occasion pour les participantes de développer sa pratique, renforcer son projet musical et se faire un réseau © Margaux Martin.
Le Summer Camp est l’occasion pour les participantes de développer sa pratique, renforcer son projet musical et se faire un réseau © Margaux Martin.

Porté par Raphaële Pilorge à Trempo et l’artiste Pumpkin, le Summer Camp intègre chaque année une douzaine de rappeuses amatrices de toute la France, accueillies gratuitement dans les studios pour travailler l'écriture, la production, l'enregistrement. Accompagnées par des artistes renommées (Tracy de Sà, Fanny Polly, Pumpkin) et un staff de professionnelles de la musique, entièrement féminin, elles y vivent une semaine intense.

« Il y a de vraies évolutions dans la scène rap nantaise et de plus en plus de femmes prennent le lead, confie Raphaële. Notre positionnement, c’est de créer des espaces non mixtes qui existent déjà de fait pour les hommes et qui permettent donc aux minorités de créer dans les mêmes conditions d’accès ». Car dans la musique comme dans la société, les femmes et personnes issues d’une minorité de genre n’ont pas toujours les mêmes facilités. Si la situation évolue plutôt favorablement, leur légitimité n’est pas encore acquise – plus souvent du fait de l’inconscient collectif que par sexisme.

L’union fait la force

Durant une semaine, les 12 artistes se sont mises en danger, ont pratiqué, discuté. À l’image de Zadi Hoeke, rappeuse parisienne : « J’ai entendu parlé de ce stage par mon entourage. C’est un tremplin sans compétition qui nous envoie beaucoup d’énergie, de la vibe, mais pas forcément dans un but palpable. Comme beaucoup, j’en suis encore à mes débuts et ce stage crée une vraie synergie ». « C’est intense. On peut être déstabilisée mais il y a une véritable force qui sort de ça », renchérit Nora Sédé, autre participante de cette 4e promotion.

Chaque année, au milieu du stage, les promos précédentes viennent partager des moments de création et d’échange avec les nouvelles stagiaires, et des masterclass avec des artistes plus expérimentées. Iazu, de la 2e promo, enchaîne : « C’était chamboulant mais, deux après, je peux dire que ça m’a apporté que du plus et beaucoup de confiance en moi ». Quant à Hvrley Qveen de la promo suivante, le Summer Camp à Trempo a été pour elle « une très belle expérience » : « Je me suis sentie pour la première fois vraiment à ma place. Ça faisait 8 ans que je faisais de la musique dans ma chambre, aujourd’hui je me produis. »

Le stage en minorité choisie profite aussi aux autres : « En open mic [scène ouverte, ndlr], je vais tendre plus facilement le micro à une meuf qui n’ose pas le prendre. C’est un principe de sororité », explique Iazu. Toutes les participantes affirment avoir pris conscience de la place des minorités dans la musique et de l’impact de ce stage, qui leur a offert de nombreuses opportunités – dont celle de revendiquer et transmettre leur légitimité dans un milieu très masculin.

Le temps d’une journée, les 12 participantes à l’édition 2024 ont été rejointes par 30 rappeuses issues des précédentes promotions du Summer Camp, pour des masterclasses © Margaux Martin.
Le temps d’une journée, les 12 participantes à l’édition 2024 ont été rejointes par 30 rappeuses issues des précédentes promotions du Summer Camp, pour des masterclasses © Margaux Martin.

Partenariat

Initiative singulière en France, le Summer Camp est un outil parmi d’autres pour faire avancer  l'égalité femme / homme dans la musique et la place des minorités dans la société. Porté par Trempo en partenariat avec La.Club, il est financé par le Centre national de la musique, le Département de Loire-Atlantique et encore!, le fonds de dotation du groupe Chessé. Il bénéficie aussi du soutien des Filles de l’Ouest.