« La Maison des aidants nous accueille avec notre fardeau, on s’y sent moins seul »

« C’était le seul endroit où je pouvais me lâcher sur ce que je vivais. La Maison des aidants porte bien son nom, c’est une maison qui nous accueille avec notre histoire, notre fardeau, comme dans une grande famille avec des gens comme nous, on s’y sent moins seul. » Françoise, 70 ans, est aidante depuis 13 ans et fréquente la Maison des aidants depuis 9 ans. Elle a d’abord pris soin de son mari atteint d’un cancer, en même temps que son père souffrant de la maladie d’Alzheimer puis de sa mère atteinte de démence après le décès des deux premiers.

Toujours plus d’aidants chaque année

Plus de 980 aidantes et aidants comme Françoise ont fréquenté la Maison des aidants en 2023 : « un chiffre qui ne fait qu’augmenter chaque année (650 en 2022), précise Solen Ripoche, la directrice de cette structure. Les seniors comme les services publics souhaitent un maintien à domicile le plus longtemps possible donc les proches ont besoin d’aide. » Créée en 2009, la Maison des aidants accompagne aujourd’hui les proches des plus de 60 ans de la perte d’autonomie jusqu’aux maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Ses missions ? Être un lieu ressource pour trouver des informations, des conseils, une aide aux démarches notamment sur les dispositifs de répit ; du soutien psychologique sur place ou à domicile ; du soutien collectif grâce à des activités d’échange, de bien-être, des sorties… Située en centre-ville de Nantes, les services de la Maison des aidants sont gratuits et se déploient aujourd’hui davantage dans la métropole grâce aux partenariats avec les Clic et les CCAS.

1/3 d’aidants décèdent avant l’aidé

« Je travaillais encore au début, j’alternais entre mon mari en chimio à la maison et mon père chez lui, raconte Françoise. Après un malaise et de l’hypertension, mon médecin m’a dit que ça ne pouvait plus durer. Je suis arrivée à la Maison des aidants épuisée, perdue face à la montagne de dossiers à faire, j’ai commencé à faire de la sophrologie, je devais être remise en état. » Psychologue pour décharger, assistante sociale pour les démarches, activités bien-être, Françoise a profité de tout ce que la Maison des aidants a à offrir, pour tenir le coup. « Je me suis fait des amies ici, précise-t-elle. On a toutes les mêmes problèmes, le même épuisement, le même moral dans les chaussettes. On se lâche, on pleure ensemble, on se soutient. Je ne sais pas ce que j’aurai fait sans tout ça. »

« Le rôle d’aidant est de mieux en mieux identifié, il est plus facile d’aller vers les dispositifs de répit et d’assumer un soutien psychologique, explique Solen Ripoche. Auparavant on parlait d’aidant naturel mais il n’est pas si naturel d’accompagner son proche dans sa toilette, de l’aider à manger… Certaines personnes ne peuvent pas être aidante, c’est trop difficile pour elles. »

Du répit pour se préserver

François a accompagné sa femme Roselyne atteinte d’Alzheimer pendant 7 ans. Malgré beaucoup d’aide de la part de ses enfants, des frères et sœurs de Roselyne qui lui ont permis de garder le moral, il était très fatigué et venait deux fois par semaine à la Maison des aidants. « Je faisais de la relaxation, des sorties, j’ai même profité d’une semaine de vacances à l’île de Ré. Roselyne allait à la halte répit, à l’Ehpad temporaire pour que je suis puisse souffler, c’est la Maison des aidants qui m’a fait découvrir ces dispositifs. »

Françoise et François ont tout deux leur proche placé en Ehpad depuis le printemps. Retrouver du temps pour soi, dormir mieux, le retour à une vie normale se fait petit à petit. Il et elle continuent d’aller à la Maison des aidants, moins souvent, mais pour prendre soin d’eux et voir les amis.