3 questions à Sophie Lévy, nouvelle directrice du Voyage à Nantes

Comment appréhendez-vous cette prise de fonction à la suite de Jean Blaise ?

J’ai longtemps travaillé dans des musées, dont le Musée d’arts de Nantes, et je souhaitais une nouvelle aventure. Le Voyage à Nantes est un lieu au service d’autres lieux. C’est une grande maison, avec près de trois cents salariés, une grande souplesse et une capacité à accueillir de nombreux visages en son sein. C’est aussi un beau collectif, dans lequel je me glisse discrètement, en essayant de ne pas trop penser à Jean Blaise. Il y a un temps d’observation, d’appropriation. Ce n’est pas la peine de rouler des mécaniques, les choses changent naturellement.

Quelle tonalité et quelle nouvelle impulsion souhaitez-vous donner au Voyage à Nantes ?

Jean Blaise était un intuitif visuel, je suis plutôt une conteuse. J’aimerais approfondir le lien entre l’art et la nature, montrer que Nantes est une grande ville de nature, avec des fleuves, des rivières, une très belle lumière... Lorsque l’on questionne une personne sur sa dernière expérience esthétique, si elle n’aime pas particulièrement les concerts, la littérature ou les musées, elle évoquera sans doute un rivage ou une prairie. Curieusement, ce sont des moments qui ressemblent à ceux qu'on éprouve devant une œuvre d’art, où l’on est parfaitement présent à ce que l’on regarde, à la fois concentré et relâché. C’est cela qui crée le bonheur de l’art. Je voudrais jouer sur ce rapport.

Le parcours estival aura pour thème l’étrangeté, à quoi peut-on s’attendre ?

Dans l’étrangeté, il y a le plaisir, l’étonnement, mais aussi parfois l’inquiétude. Ce thème et ce parcours, choisi et conçu par Jean Blaise, révèlent sa perception du rapport de l’art à la ville : celui de l’étonnement, du déplacement du regard grâce aux œuvres. Le 15 mai s’ouvrira à la Hab galerie l’exposition de Gloria Friedmann, artiste emblématique de la scène française, sur le thème de l’anthropocène. Elle fera également partie du parcours cet été, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment. Il y aura aussi de nouvelles œuvres et de nouveaux lieux, en plus de ceux déjà investis par le Voyage à Nantes. Des lieux que l’on ne voit pas, que l’on ne voit plus, qui, transformés, se révèlent à nous, avec des œuvres qui changent complètement le regard sur ces lieux que l’on n’avait jamais vraiment regardé, que l’on ne fait que traverser.