Partout en France, l'insécurité est une préoccupation majeure des habitants. De nouvelles formes de criminalité se répandent et inquiètent. « Overdoses, règlements de comptes, fusillades, enlèvements… Le trafic de stupéfiants draine dans son sillage des victimes toujours plus nombreuses et plus jeunes », alertait le ministère de l’Intérieur en début d’année.
Et a Nantes ? Avec désormais 325 070 habitants, la Ville a change de taille. « Or, le niveau de délinquance observé sur un territoire est corrélé à la taille de l’agglomération : plus une ville est grande, plus la délinquance y est élevée. Ce phénomène a toujours existé », observe Renée Zauberman, directrice de recherches au CNRS et spécialiste de la mesure du crime et du sentiment d’insécurité.
Prévenir la délinquance
Consciente des enjeux, la Ville de Nantes active tous les leviers, notamment en renforçant sa coopération avec l’État. Coopération actée lors de la signature du contrat de sécurité intégrée (CSI) en 2021. Ce dernier a permis le recrutement de policiers municipaux et nationaux, l’extension de la vidéoprotection, le renforcement de la justice... Avec des effets concrets : les faits de délinquance ont diminue en 2024 par rapport a 2023 (lire ci-dessous).
Si la lutte contre la criminalité et notamment le grand banditisme relève en premier lieu de l’État, les villes ont aussi un rôle a jouer. Et la sécurité ne se résume pas a la répression : agir en amont sur les causes sociales – précarité, isolement, décrochage scolaire – est essentiel. « Les élus locaux ont des leviers, notamment sur la prévention et l’entrée dans la délinquance de certains jeunes, leur déscolarisation », poursuit Renée Zauberman.
À Nantes, cela se traduit par des actions concrètes : un guichet unique à la Maison de la tranquillité publique (MTP), l'îlotage de la police municipale, la création de la brigade de l’espace public (BEP), la création de places d’hébergement d’urgence ou encore le développement de la médiation. La présence des médiateurs permet, notamment, d’apaiser des tensions à la sortie des établissements scolaires, d’assurer des actions de prévention routière auprès des jeunes cyclistes, d’intervenir en cas de conflit de voisinage ou encore de signaler la présence d’enfants sur des points de deal.
Ce qu'il reste à faire
« Qu’attend la Ville pour recruter davantage ? » La question revient régulièrement au moment d’évoquer la question de la sécurité. Le recrutement des policiers municipaux – par ailleurs bien engagé à Nantes (lire ci-dessous) – est un défi que partagent de nombreuses villes françaises. Selon une étude de l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL), les communes et intercommunalités employaient un peu plus de 27 000 policiers municipaux en 2022. D’ici 2026, elles prévoient d’en recruter 11 000 supplémentaires, soit 40 % de plus en 4 ans ! « C’est une réalité : les collectivités veulent augmenter la présence policière sur la voie publique pour répondre à la demande de sécurité croissante et renforcer le lien de proximité entre la police et la population », explique David Canu, le directeur de la police municipale nantaise.
Conséquence, les candidats avec les bons profils sont très demandés. Et le recrutement n’est pas à effet immédiat : les nouveaux agents suivent une formation obligatoire de six mois au Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), qui inclut des modules juridiques, des techniques d’intervention et de gestion des conflits. Ils devront suivre ensuite, chaque année, une formation à l’armement, comme pour l’utilisation du pistolet à impulsion électrique (PIE) dont sont munis les policiers municipaux nantais depuis 2019. Une formation continue de dix jours est aussi prévue tous les cinq ans.
En chiffres
-2,
87 %
de faits de délinquance en 2024 par rapport à 2023 (- 22,56 % par rapport à 2019) (source : préfecture des Pays de la Loire)
- 29 %
de violences dans les transports en commun en 2023, par rapport à 2022 (source : préfecture des Pays de la Loire)
1600
places d’hébergement d’urgence et d’insertion, gérées ou financées par la Ville de Nantes.
Pourquoi la Ville déploie-t-elle des moyens importants pour la sécurité ?
Bassem Asseh, adjoint en charge de la sécurité et de la tranquillité publiques : « La sécurité des Nantaises et des Nantais est une priorité. Personne n’accepte l’arbitraire de la violence ou le règne du plus fort. C’est dans cet esprit que nous avons déployé tout au long du mandat des efforts de prévention notamment des médiateurs à l’école. C’est aussi pour cette raison que nous avons considérablement augmenté les effectifs de la police municipale et renforcé la coopération avec la police nationale et la Justice. »
En dehors de la sécurité, quelles sont les enjeux de la protection à Nantes ?
Robin Salecroix, conseiller municipal délégué à la grande précarité : « Dans une société qui trop souvent se divise et se fracture, nous souhaitons faire de notre ville un territoire qui protège, en particulier les populations les plus fragiles (jeunes, seniors, familles monoparentales) et bien sûr les personnes en grande précarité. À travers notre lutte déterminée contre les inégalités, nous voulons que chacun puisse disposer de conditions matérielles d’existence dignes, condition sine qua non de l’émancipation individuelle et collective, comme du bien vivre ensemble. »