En 2023, en France, 19 % des suspects impliqués dans le trafic de drogue étaient des mineurs. « Overdoses, règlements de comptes, fusillades, enlèvements… Le trafic de stupéfiants draine dans son sillage des victimes toujours plus nombreuses et plus jeunes » , alertait le ministère de l’intérieur en début d’année.
Face à ce constat, Nantes et une quinzaine d’autres villes ont décidé de réagir en rejoignant l’appel à projet de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives). Adopté en conseil municipal en octobre 2024, ce partenariat entre l’État et la Ville prévoit « un plan d’actions décliné en mesures concrètes à destination des jeunes de 10 à 21 ans », a expliqué Johanna Rolland, maire de Nantes, lors de la première réunion de pilotage, lundi 3 mars. « Nous faisons face à des réseaux très organisés, capables de s’adapter avec des techniques de marketing affûtées. Comment agir au plus tôt pour empêcher le basculement des jeunes ? Car le trafic de drogue brise des vies et détruit des familles. »
Casser les mythes des narcotrafiquants
« L’objectif, c’est de mobiliser 70 acteurs, parents et professionnels du territoire, pour déconstruire les mythes des narcotrafiquants, précise Denis Tallédec, conseiller municipal délégué à la prévention de la délinquance. Nous devons apprendre aux jeunes à dire non aux criminels. »
« Les réseaux criminels utilisent les mineurs comme des esclaves des temps modernes », renchérit Nicolas Prisse, président de la Mildeca. Pendant trois ans, ce dispositif ciblera en priorité les jeunes du Breil, un quartier où « 40 % de la population a moins de 25 ans », rappelle Marie Argouarc’h, sous-préfète des Pays de la Loire. Présence à des procès, rencontres avec des professionnels de la justice, participation à des événements sportifs et culturels… Autant d’actions déjà mises en place ou en cours de développement pour sensibiliser les jeunes aux dangers du trafic.
Un engagement financier de la Ville et de l’État
La subvention attendue de la Mildeca s’élève à 145 000 € sur trois ans. Elle est conditionnée à un engagement financier de la Ville à hauteur de 210 000 € et de Nantes Métropole à hauteur de 60 000 €. À noter que les sommes débloquées par la Mildeca (2,4 M€ à l'échelle du pays) pour ses actions « sont captées dans les réseaux », note Nicolas Prisse, son président.