Les fermes ne reculent plus dans la métropole nantaise. « Les surfaces – 15 000 hectares, soit 30 % du territoire -, comme le nombre d’exploitations – 245 – sont restées stables sur le territoire depuis dix ans », observe Fabrice Roussel, 1er vice-président de Nantes Métropole. Le bio, qui représentait 18 % en 2016, gagne même du terrain : 30 % des exploitations sont aujourd’hui en bio dans la métropole, contre un peu moins de 10% en France. Ces avancées sont le fruit de la politique engagée depuis plusieurs années par la Métropole avec les communes et l’ensemble des acteurs agricoles.
Nantes Métropole a en effet été l’une des premières collectivités françaises à se doter, en 2019, d’un Projet alimentaire territorial (PAT) destiné à changer de modèle alimentaire. Depuis 2020, les aides à l’installation ont été révisées pour soutenir davantage la production biologique, et le dispositif d’accompagnement s’est renforcé. 45 porteurs de projets au total ont été accompagnés et 16 se sont installés sur le territoire. La Métropole a dans le même temps augmenté de 45 % ses aides aux associations et partenaires agricoles, pour atteindre 336 000 euros en 2022.
Des avancées et de nombreux défis
Dans leur dernière évaluation, les 22 membres bénévoles du Conseil métropolitain des acteurs de l’alimentation (CMAA), chargés de suivre les engagements du PAT, notent des avancées significatives, et saluent notamment le volontarisme pour maintenir le foncier agricole et développer les fermes urbaines. « Le Plan local d’urbanisme métropolitain (PLUm) a permis de préserver nos zones agricoles jusqu’en 2020, mais la pression demeure importante, note Delphine Bonamy, conseillère métropolitaine déléguée à l’agriculture et à l’alimentation. Il faut accélérer pour construire un modèle agricole et alimentaire durable. »
L’un des principaux défis pour les années à venir, ce sont les transmissions. « D’ici 10 ans, un tiers des 245 exploitations de l’agglomération devront trouver un repreneur, souligne l’élue. L’accès au foncier, et particulièrement au logement, est l’un des principaux freins pour les candidats à l’installation, notamment pour les personnes extérieures au milieu agricole. » Il faut aussi faire évoluer les pratiques qui impactent l’eau, les sols et la biodiversité, et lutter contre la précarité alimentaire, ajoute-t-elle.
Pour relever ces défis, le conseil métropolitain a décidé de se doter d’une nouvelle politique publique agriculture et alimentation. Objectif : promouvoir et soutenir la filière agricole locale afin de garantir l’accès à une alimentation durable, équitable et de qualité pour tous les habitants et assurer une partie de l’autonomie alimentaire du territoire. Trois chantiers prioritaires ont été définis avec les communes, à partir des recommandations du CMAA, et de nouveaux outils sont mis en place.
1,5 millions d’euros par an pour acheter des terres
Pour maintenir les exploitations et développer le bio, la Métropole adopte une véritable stratégie foncière agricole. Objectif ? « Conserver 100 % des surfaces agricoles utiles et atteindre 50 % en bio. » Concrètement, il s’agira de faciliter l’échange de parcelles pour renforcer les exploitations en place, de reconquérir certaines friches ou terrains délaissés, ou encore de protéger certains terrains agricoles afin qu’ils gardent leur vocation première. Un secteur de protection renforcée (dispositif PEAN) sera par ailleurs mis en place autour de Couëron - « zone stratégique pour la production alimentaire de la métropole » -, en partenariat avec le Département. Un autre est en réflexion au sud-ouest du territoire métropolitain. En lien avec la Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural), « la Métropole pourra également faire le choix d’acquérir, de façon temporaire, des terrains ou des logements agricoles lorsque la pérennité de l’activité est remise en cause et que les besoins en approvisionnement du territoire le nécessitent », précise Delphine Bonamy. Une vingtaine d’exploitations pourraient être concernées par ces acquisitions dans les cinq prochaines années, ce qui représente un investissement estimé à 1,5 millions d’euros par an.
Une caisse commune alimentaire
Pour répondre à la crise alimentaire et faciliter l’accès à des produits sains et de qualité pour tous les habitants, Nantes Métropole souhaite expérimenter, au niveau local, ce que pourrait être demain une « Sécurité sociale alimentaire ». Cette « caisse commune », coconstruite avec les associations d’aide alimentaire, les producteurs et les habitants, sera alimentée par tout le monde et donnera droit, en fonction de ses revenus, à un forfait d’achats mensuels auprès de distributeurs vertueux. La collectivité va par ailleurs travailler à ouvrir plus grands les débouchés des filières bio et locales, notamment dans l’approvisionnement des cantines municipales du territoire, où plus de 40 000 repas sont servis chaque jour.
Des parrainages fermes-écoles
Dernier volet de cette nouvelle politique métropolitaine : la valorisation des producteurs locaux engagés dans une agriculture durable et la sensibilisation des habitants aux enjeux de nutrition-santé. Plusieurs initiatives seront lancées à cet effet : des parrainage entre des écoles et des fermes du territoire, l’augmentation de la part des produits bio, locaux et de saison dans les cantines scolaires, ou encore la refonte des Défis citoyens qui permettra d’accompagner, chaque année, 1 000 foyers vers des pratiques alimentaires plus sobres en carbone. Un enjeu de taille : l’alimentation représente, en effet, 22 % de l’empreinte carbone d’un Français, selon le ministère de l’écologie.
Les chiffres clés de l'agriculture sur la métropole
15 000
hectares de surface de production agricole, soit 30% du territoire
245
exploitations agricoles recensées en 2020
5
grandes filières : maraîchage, bovin viande, bovin lait, viticulture et chevaux
25
% des surfaces engagées vers une production en agriculture biologique
47
ans, l'âge moyen des exploitants agricoles du territoire