2025-01-13T12:20:54Z https://metropole.nantes.fr/files/live/sites/metropolenantesfr/files/images/actualites/egalite-sante-solidarite/solidarite/diapo6.jpg

Quelle est la situation de la grande précarité à Nantes en 2025 ?

ActualitésPublié le 13 janvier 2025

Dans un contexte de crise économique, la question de l'aide aux personnes sans-abris est un sujet incontournable. Voici comment les associations et les institutions se mobilisent sur le territoire nantais.

Une distribution de produits d'hygiène au Ripaillon, lieu associatif de Pirmil (©Romain Boulanger)
Une distribution de produits d'hygiène au Ripaillon, lieu associatif de Pirmil (©Romain Boulanger)

Avec la forte inflation et la crise économique, nous constatons que le public de l’urgence sociale augmente et se diversifie », alerte Alan Ruaud, président par intérim de l’unité locale de la Croix-Rouge française de Nantes. L’aggravation de la situation est le reflet d’une tendance nationale. « L’Insee signalait déjà un doublement du nombre de personnes sans domicile entre 2001 et 2012, c’est-à-dire à la rue, ou vivant en hébergement social », souligne Édouard Gardella, sociologue chargé de recherche au CNRS. Les prochains chiffres de l’Insee sur la pauvreté seront dévoilés cette année. Mais les associations tirent la sonnette d’alarme sans attendre. « Nous aidons de plus en plus de personnes vivant dans la rue, bien sûr, mais aussi de
plus en plus de personnes en situation de grande précarité,
poursuit Alan Ruaud. Celles-ci ont un toit, certes, mais plus assez
d’argent à la fin du mois pour s’acheter de quoi manger ou s’habiller. Parmi le public qui fréquente nos centres de distributions : des étudiants, des personnes âgées isolées, des familles monoparentales... C’était bien plus rare avant le Covid. »
De leur côté, les Restos du cœur ont accueilli 1,3 million de personnes en 2023 à l’échelle nationale et servi 171 millions de repas. Un
record historique.

Que faire dans ce contexte ? « Le besoin est immense en termes d’hébergement d’urgence, et la collectivité est mobilisée pour apporter des solutions dignes, à travers le financement et la gestion de 1 600 places d’hébergement d’urgence. Cet engagement, nous le menons aux cotés de l'Etat, dont c’est la compétence, rappelle Robin Salecroix, conseiller municipal, délégué à la grande précarité. En décembre, nous avons notamment ouvert un hébergement SAS d’une vingtaine de places
en partenariat avec Les Eaux Vives Emmaüs. La lutte contre la précarité, c’est aussi notre capacité à construire suffisamment de logements pour les personnes en attente d’un logement et c’est pourquoi la Ville se mobilise avec son plan de relance, adopté en 2023, et une enveloppe de 20 millions d’euros pour la construction de logements sociaux. »

Urgence sociale : plus de public, moins de bénévoles

L’action des associations, à l’image du Secours Populaire, est indispensable aux plus fragiles. Aujourd’hui, elles ont plus que jamais besoin de dons et de soutien financier. La Ville de Nantes est à leur côté pour les aider dans leurs maraudes, les distributions alimentaires et de vêtements, les actions de soin et de prévention sur la santé mentale… (lire p. 8). Mais les associations sont aussi confrontées au problème du renouvellement du bénévolat. « Nous avons besoin de personnes qui puissent s’investir de manière régulière, rappelle Alan Ruaud. Avant le Covid, les bénévoles restaient en moyenne 4 à 5 ans. Depuis, leur implication dans le temps a diminué, il leur est difficile de trouver une heure ou deux par semaine, même
si la volonté d’aider reste forte. »

Les propositions pour s’engager évoluent et s’adaptent aux nouvelles attentes des bénévoles. Il y a aujourd’hui bien des façons de se mobiliser au service des plus démunis. « Même si la pauvreté augmente, notre société, développée, tend vers plus d’altruisme, assure Édouard Gardella. Rappelez-vous qu’au siècle dernier, les personnes sans-abri étaient pourchassées pour vagabondage ! Aujourd’hui, nous voulons toutes et tous aider. Il faut continuer en ce sens. Ne baissons pas les bras. »