Après quatre ans de travaux, ce lieu de passage incontournable où se croisent chaque jour 100 000 personnes, a été transformé en un vaste quai-jardin faisant une large place aux piétons, aux vélos et à la nature. Pourquoi ? Comment ? Explications.
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Des parterres de fleurs, des bancs-jardinières équipés de brumisateurs, des bosquets d’arbres et des fontaines… Difficile de croire qu’il y a encore quelques années, une route passait ici. Après quatre ans de chantier, ce secteur où voitures, tramways, bus, piétons et cyclistes coexistaient péniblement, présente un tout nouveau visage, inauguré les 13 et 14 mai lors d’un week-end festif. Finis le bitume sombre, les trottoirs encombrés, les marches à enjamber et les vieilles aubettes de bus. Sur l’ancien bras de Loire qui coulait ici jusqu’en 1926, se déploie aujourd’hui une vaste esplanade plantée où la circulation motorisée n’a plus sa place.
D’un coût de 30,3 millions d’euros, cette grande rénovation a été confiée à une paysagiste, Jacqueline Osty. « Un choix politique et une évolution forte à l’époque », rappelle Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, qui souhaite donner plus de place à la nature en ville. Le chantier a mobilisé une dizaine de services de Nantes Métropole et pas moins de 17 entreprises, autour de trois objectifs : plus de nature, plus de place pour les piétons et plus de sécurité.
C’était un espace routier, bitumé où plus de 500 bus s’arrêtaient chaque jour, sans compter les voitures. Aujourd’hui, c’est un espace de repos et de loisirs où l’on peut s’asseoir sur des bancs-jardinières à l’ombre des arbres et profiter des fontaines pour se rafraîchir
Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole
Un nouveau lieu de vie et de fraîcheur au cœur de Nantes
« Le premier défi était d’apaiser l’espace pour le rendre aux piétons, indique Johanna Rolland. C’était un site routier, bitumé, où plus de 500 bus s’arrêtaient chaque jour, sans compter les voitures. On ne faisait qu’y passer. Aujourd’hui, c’est un lieu de repos et de loisirs où l’on peut s’asseoir à l’ombre des arbres, profiter des terrasses et des fontaines pour se rafraîchir ». Libéré des bus (rassemblés cours des 50 Otages), le site, fréquenté quotidiennement par 100 000 personnes, offre désormais plus d’un hectare et demi d’espaces piétons, soit trois fois plus qu’avant le réaménagement. En concertation avec le Conseil nantais de l’accessibilité universelle, le sol a été aplani autant que possible et le mobilier urbain inutile a été supprimé afin d’améliorer la circulation des piétons et l’accès au centre-ville.
3 400 m² de plantations en pleine terre
Si plusieurs platanes ont été coupés pour « révéler les façades et l’architecture remarquable de l’île Feydeau », notamment ceux situés le long du tramway qui étaient en mauvais état, les espaces verts, jusque-là limités à quelques pelouses clairsemées, ont plus que doublé. 3400 m² de plantations en pleine terre ont été réalisées, avec « une diversité d’essences végétales qui évolueront au fil des saisons et favoriseront la biodiversité », précise Jacqueline Osty.
De part et d’autre de la ligne 1 de tramway, la paysagiste (Grand prix de l’urbanisme en 2020) a transformé les allées Brancas et Duguay-Trouin en « quais-jardins », où vont progressivement s’épanouir une soixantaine de grands arbres, un millier d’arbustes, 300 000 graines de plantes vivaces et 1500 iris. Les premiers ont commencé à fleurir. Mais il faudra patienter encore un peu pour juger du résultat final. « Un paysage qu’on livre, c’est comme un petit oiseau sans plumes, explique-t-elle. C’est un monde vivant, il faut lui laisser du temps pour que la végétation se déploie et apporte de l’ombrage, du vert, de la couleur…. Les arbres seront trois à quatre fois plus grands d’ici quelques années ». Quai Turenne, plusieurs arbres supplémentaires seront plantés d’ici l’été. Après avoir servi de base-vie pour le chantier, l’ancien parking situé près du square Daviais va également évoluer. Débitumé, il a été amendé par de la terre végétale et son pourtour sera planté afin de renforcer la végétation du square.
« Préserver la fluidité et la facilité des flux »
Place du Commerce, l’espace est resté plus minéral. « Nous y avons moins planté car nous étions contraints par la présence du parking souterrain et par les événements festifs, comme le marché de Noël que la place à vocation à accueillir », précise Jacqueline Osty. Sur l’esplanade, « l’idée était de créer un espace le plus transparent possible, sans recoins propices à la délinquance ». Il a aussi fallu trouver le juste équilibre entre la place accordée à la végétation et celle dévolue aux passants, ajoute la paysagiste. Feydeau-Commerce, 1er pôle d’échanges en transports en commun de la métropole nantaise, « demeure un lieu de passage incontournable. Nous devions veiller à préserver la fluidité et la facilité de ces flux ».
Pour apporter « de la joie et de la fraîcheur » sur ce secteur, Jacqueline Osty compte sur les 8 fontaines (400 m²) aménagées entre la place du Commerce et l’allée Duguay-Trouin. Ces bassins en circuit fermé, évoquant le souvenir de la Loire, permettront aux enfants de barboter comme sur le Miroir d’eau, dont le succès ne se dément pas devant le château. « Des jets d’eau sont programmés pour animer le plateau et accrocher la lumière ».
Symbole du renouveau du cœur de Nantes, Feydeau-Commerce est aujourd’hui le maillon central de la promenade qui s’étendra à terme de la gare à la Loire. « Nous avons décidé dès 2014 de faire de ces espaces hérités des comblements de la Loire une grande coulée verte », rappelle Johanna Rolland. Après l’esplanade nord de la gare, où le Jardin des plantes est sorti de ses grilles pour coloniser l'espace public, le miroir d’eau, le square Mercœur, puis Neptune-Bouffay, cette première branche de l’étoile verte se prolongera demain jusqu’au Bas-Chantenay, en passant par le quai de la Fosse et la place de la Petite-Hollande. « Ce site ouvert sur la Loire mérite mieux que d’être un grand parking, souligne la maire de Nantes. Face aux enjeux climatiques, je souhaite qu’on y fasse encore plus de place à la nature ». Revu et corrigé après l’été caniculaire de 2022, le projet sera dévoilé dans les semaines à venir. « Le marché sera conservé mais on y plantera 650 arbres de plus que ce qui était prévu », annonce déjà Johanna Rolland. Par ailleurs, dès 2025, le parking Duchesse-Anne et le cours Saint-André seront végétalisés.
Le projet Feydeau-Commerce en 5 chiffres clés
2,
7
hectares réaménagés entre le cours des 50 Otages et l’île Feydeau
30,
3
millions d’euros, le coût global du projet
3400
m² d’espaces végétalisés
17000
m² d’espaces piétonnisés
400
m² de fontaines : 8 bassins, dotés chacun de 9 jets, avec une utilisation de l’eau en circuit fermé
[Dossier] Tout savoir sur la transformation de Feydeau-Commerce