Le hameau Marvingt, un nouvel habitat participatif intergénérationnel à Nantes

« On a hâte, c’est presque irréel ! » Dans quelques mois, Jamal Adib goûtera à « la vie de village » au cœur d’un des plus grands habitats participatifs de France : le hameau Marvingt, à l’angle de la rue Marie-Marvingt et du chemin de l’Écobut, dans le quartier Bottière-Chénaie. « J’avais envie de bien connaître mes voisins et de partager autre chose qu’un bonjour sur le palier », explique le quadragénaire qui emménagera dans une maison neuve de 89 m² avec sa compagne et leurs deux enfants. Le prix, « 291 000 euros soit 3270 euros/m² », n’est pas sa motivation première : « J’étais même prêt à payer plus pour la qualité de vie mais finalement ça me revient moins cher que dans le marché classique neuf (5000 euros/m², NDLR). »

Un parcours mouvementé

L’arrivée dans son logement, prévue fin 2024, vient concrétiser un projet de longue haleine débuté en 2016 avec un premier collectif de familles : le hameau des Noues. Le groupe, en auto-promotion, rencontre des difficultés. Début 2020, Maison Multiple, un autre projet d’habitat participatif lancé en 2014 par des femmes seniors, les rejoint sur un foncier de 5200 m² fléché par Nantes Métropole dans le cadre de son appel à projets pour l’habitat participatif. Les collectifs sont accompagnés par ICEO, promoteur de l’économie sociale et solidaire, et le bailleur social Nantes Métropole Habitat. Les futurs habitants participent collectivement à la conception de leur habitat avec Claas Architectes. « À chaque étape, on a eu une tuile : le premier confinement est arrivé au moment où on lançait la co-conception des logements et lors de l’appel d’offres, la guerre en Ukraine a débuté avec la flambée des prix des matériaux, rappelle Éric Gérard, directeur général d’ICEO. Il a fallu dépasser d’énormes difficultés, c’est un aboutissement. »

Une mixité sociale

L’opération, d’un coût global de 7,3 millions d’euros, rassemble une diversité d’âges - 10 foyers composés de personnes seniors - et de milieux sociaux. Sur les 33 logements, 11 sont commercialisés en accession libre, 13 en accession abordable via le Prêt social location-accession (PSLA) à 2600 euros/m² et 9 sont en locatif social avec Nantes Métropole Habitat (NMH). « Peu de projets d’habitat participatif associent locatif social et accession libre, souligne Éric Gérard. Il y a une vraie volonté d’avoir une mixité sociale en dépassant les différences pour vivre ensemble de manière harmonieuse. Dans le contexte actuel, ça nous tient à cœur. » Une attention a également été portée à la qualité de la construction avec l’utilisation du bois en structure et d’isolants végétaux : « Ils permettent de stocker le CO₂ tout en protégeant de la chaleur, c’est intéressant à la fois d’un point de vue environnemental et thermique ». Résultat : une qualité d’isolation supérieure de 40 % à la norme.

« Bien vieillir »

Les logements s’articulent autour d’un jardin partagé qui sera bientôt le cœur du village. Le hameau comprend également deux salles communes, un atelier de bricolage, des buanderies et des espaces de stockage collectif. Les idées ne manquent pas pour animer les espaces mutualisés. « Dans les salles communes, on pourrait faire des soirées jeux, cinéma ou accueillir une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne, NDLR) », imagine Gurval Quartier qui a rejoint le projet en 2020 et emménage avec sa compagne et ses trois enfants dans un duplex. Edith D’heure, fondatrice de Maison Multiple et locataire d’un appartement T2, se propose d’aider « pour le jardinage, la couture et la peinture ». « J’ai aussi une grande bibliothèque avec des livres à prêter, indique la retraitée. Dans ce projet, il y a l’envie de bien vieillir et de ne pas être isolée en bénéficiant d’une entraide quotidienne. »